Interview réalisée par Mathilde GAY (Master de journalisme à Cergy) – Temps de lecture : 1m30
adopte un bureau en quelques mots
Mathilde : Est-ce que vous pouvez nous présenter votre poste et votre entreprise ?
Amélie : Chez Adopte un bureau, on récupère, par exemple, des bureaux, des caissons, des sièges, on les reconditionne dans notre entrepôt à Antony et ensuite on les revend. Ça nous permet de faire des aménagements avec du mobilier d’occasion et compléter avec du mobilier neuf si besoin. Je suis, pour l’instant, sur la partie approvisionnement, donc c’est moi qui m’occupe de racheter du mobilier dont les entreprises et particuliers veulent se séparer.
Être une entreprise libérée, c’est quoi ?
Mathilde : Votre entreprise a la particularité d’être une entreprise libérée, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que cela signifie ?
Concrètement, on n’a pas de hiérarchie, on est autonome, on a une grille de salaires qui est décidée et validée par tout le monde, ça permet d’avoir de l’équité. On évolue selon les compétences de la grille, il n’y a pas de différence de salaire entre hommes et femmes pour un même poste. Ce fonctionnement est très clair et on fait évoluer la grille tous ensemble, donc c’est un processus assez démocratique. Ensuite, on peut choisir, dans la mesure du possible, ses horaires de travail. On est très flexible sur le télétravail. On prend toutes ses décisions en autonomie et ça permet de trouver quand même un équilibre un peu plus évident entre vie professionnelle et vie privée.
Les avantages et limites au quotidien ?
Mathilde : Est-ce que vous voyez d’autres avantages pour vous au quotidien dans ce mode de fonctionnement ? Et aussi, peut-être, des limites, des choses qui ne fonctionnent pas encore totalement pour vous ?
Le fonctionnement de l’entreprise libérée me donne des responsabilités. Moi je sais que c’est quelque chose qui me plaît, qui m’anime, ça me motive à venir au travail, donc j’aime bien ! Forcément le côté un peu plus négatif, c’est que cette autonomie et ces responsabilités peuvent parfois peser, ça peut être un peu stressant. Quelquefois on peut se sentir un petit peu seul aussi, quand on est sur certains sujets qu’on n’a pas encore développer en interne, c’est à nous de trouver les ressources. Donc, il faut être un petit peu débrouillard.
Un concept réservé au travail de bureau ?
Mathilde : Comme vous le disiez, vous avez un entrepôt où vous faites du reconditionnement de meubles. Dans quelle mesure les personnes qui travaillent dans cet entrepôt peuvent-elles profiter des mêmes avantages que l’équipe du bureau ?
Notre équipe opérationnelle est vraiment autonome, nos équipes connaissent leur poste de travail, rangent les stocks là où ils veulent les ranger, font des tests quand ils veulent faire des tests, font remonter des besoins d’achats, de machines. Forcément, de leur côté, je pense que c’est plutôt la hiérarchie qui est vraiment très différente parce que souvent les métiers manuels sont très hiérarchisés.”
Une solution à “la grande démission” ?
Mathilde : Le phénomène de la “grande démission”, c’est de nombreux jeunes qui choisissent de quitter leur emploi, qui ne supportent plus les conditions de travail telles qu’elles existent actuellement, est-ce que vous pensez, à titre personnel, que l’entreprise libérée pourrait être une réponse suffisante à cette crise de l’emploi ?
Je pense que cette crise de l’emploi, qui à mon sens est légitime, est forcément individuelle. Je pense qu’on a tous des besoins différents même si on a tous ce besoin d’avoir plus de sens au travail, d’avoir moins de pénibilité. Je pense que c’est une solution qui, pour moi, est intéressante et pourrait convenir à beaucoup de personnes ayant un travail de bureau. Je pense que ça peut être une solution pour une partie du travail, pour une partie des personnalités. Mais je pense que ce n’est pas la seule solution à trouver.